Il y a tout un monde en nous, et c'est chouette de le faire vivre, peu importe l'art (ou la seule rêverie. Rêver sans le "traduire", si je puis dire, via n'importe quel art, c'est aussi être créateur).
Voilà, mettre ses tripes. Je trouve que cela veut tout dire. C'est important. Cette personne (dont je parle dans mon précédent message) me disait justement que j'étais dégueulasse (véridique) à parler de l'écriture en ces termes. Et pourtant ! Après, c'est peut-être ma personnalité, on m'a souvent dit que j'étais excessive.

L'écriture (je parle de ce que je connais, hein) est en effet très complexe. Il y a ceux qui sauront raconter une histoire, d'autres qui manieront la plume de façon sublime sans, cependant, savoir réellement raconter une histoire (je ne sais pas si je suis claire). Karen Russell, justement, dont je parlais ailleurs : certains te diront qu'ils n'ont pas aimé parce qu'il n'y a pas de véritables fins à ses nouvelles. Et c'est dommage de s'arrêter à ça, vu tout ce qu'elle offre à côté ! Et l'un ne vaut pas mieux que l'autre, heureusement !
Pour le coup, avec cette fille, ce qui m'avait vraiment ennuyée est qu'elle avait l'air de dire que c'était facile. Evidemment, certains ont la plume plus rapide, ou plus fluide (je ne sais pas, tout le monde est différent) que d'autres. Simenon écrivait les aventures de Maigret en trois semaines, et il aura fallu des années à Susanna Clarke pour terminer Jonathan Strange et Mr Norrell. Mais elle oublie le travail derrière. Ce serait comme ces gens qui, sans aucun entraînement, se disent prêts à courir le marathon, parce qu'il suffirait, en somme, de courir. Et même si l'on n'écrit que pour soi (peut-être qu'au départ, on écrit chacun pour soi, un peu comme des lettres qui nous seraient destinés), ce type de discours me heurte parce que c'est nier les efforts, les difficultés, la sueur que certains peuvent éprouver / donner. Cioran, que j'aime beaucoup (et qui, bizarrement, m'amuse) disait que c'était comme du sport, et il a raison. Cesser d'écrire, pour une raison ou une autre, pendant un moment, c'est comme un moteur qui cale.
Quant à l'édition... dur ! Être lu, ce n'est pas si facile. C'est se dévoiler, révéler une partie de son intimité, se mettre à nu. Pour avoir posté des écrits sur mon journal (je préfère ce terme à "blog" que je ne sais même pas écrire convenablement), je peux assurer que c'était de plus en plus difficile. Même quand les retours étaient bons et chaleureux.

Keats, oui, quelle tristesse ! J'admire sa foi et son courage. Il n'a jamais abandonné malgré tout.
J'ai emprunté quelques livres à la bibliothèque, je noterai les titres demain (enfin, tout à l'heure). (Je profite toujours de la bibliothèque pour prendre des livres que je ne suis pas sûre d'acheter mais qui m'intéressent, d'une manière ou d'une autre.)