Parfois j’avais l’impression d’être une vendeuse de parfums… par chance j’adorais mon job et j’avais sacrément besoin de cet argent pour payer l’emprunt pour la boutique et le bâtiment. C’est la vie comme on dit.
Bref, si ça n’était que ça je m’en débrouillerais. Mais il y avait les autres clients. Les plus discrets ou underground comme on disait. Les récent troubles dans le flux magique les inquiétaient tous. Enfin, ça nous inquiétait tous. J’avais une recrudescence de commande d’articles particuliers et rares. Certains voulaient faire des sors de protection, d’autres cherchaient les raisons de ces troubles. Cela m’obligeait à contacter mes fournisseurs plus régulièrement pour trouver l’introuvable et ça devenait stressant. J’étais nouvelle dans le milieu et donc pas forcément prioritaire pour les commandes et les livraisons. Je devais donc faire mes preuves et batailler pour obtenir ce qu’il me fallait. J’étais stressée car je voulais que mon affaire marche.
Il était 21h00 et bien que fatiguée je n’avais pas envie de passer ma soirée devant la Tv à faire le point sur mes chiffres et les bons de commande que je devais honorer. Il me fallait faire une pause et la seule idée qui me vint à l’esprit était de boire un verre dans un bar.
Ni une ni deux, j’enfilais ma veste et me mis en marche en direction de l’établissement que je connaissais bien et où je me sentais à l’aise. Avoir travaillé là-bas quelques mois n’était pas étranger à cela. J’étais restée en bon terme avec le patron qui était toujours content que je lui laisse quelques livres de temps à autre.
Arrivée sur place, j’entendais les gens s’amuser. Que c’était bon de voir cette ambiance familière, simple et revigorante. Je saluais les habitués, discutais un peu avec quelques connaissances et pris place sur un coin du comptoir dans une légère pénombre. Le patron n’était pas là, c’était un ancien collègue qui me servait mon habituelle bière sans que j’ai besoin de lui passer la commande. On discutait quelques instant ensembles, les banalités habituelles avant que son attention soit accaparée par d’autres clients. Je n’étais pas forcément là pour discuter, mais surtout pour me changer les idées, voir autre choses. J’écoutais la musique qui passait tout en pensant à la fluctuation magique et ses conséquences sur moi. J’avais eu peur, je m’étais fait peur. Jamais je n’avais « vu » mon côté démon avant, je n’avais d’ailleurs jamais cherché à le faire car je devais faire profil bas pour ne pas attirer l’attention sur moi. De ce que ma mère m’avait enseignée, les personnes comme moi n’étaient pas bien vues. Les hybrides étaient haïs et mon père considéré comme un traitre.
J’avais peur. Oui. Peur d’être chassée et tuée à cause de ce que je suis et non à cause de ce que j’aurais fait.
Une dispute éclata et me sortit de mes réflexions déprimantes. Trois hommes se disputaient sur un sujet dont j’ignorais tout. Je baissais la tête et bu une gorgée de bière. Ce n’était pas mes affaires après tout.
Quelques instants plus tard, les cris avaient cessés et je me retrouvais avec l’un d’eux à côté de moi. Il me fixait et son regard était écœurant. Je lui faisais visiblement envie et manque de chance pour lui ce n’était pas réciproque. Je l’ignorais espérant que son attention se porte sur une autre personne mais il le prit mal et me bouscula un peu au moment où je levais mon verre qui atterri sur une jeune femme à côté de moi.
Merde fait chier ! Lâchais-je quand je vis que la brunette d’à côté avec été aspergée.
[HRP : A toi de voir comment tu as été aspergée ]