Je l'ai déjà écrit dans le coin littérature : j'aime Gaiman mais je n'ai jamais pu terminer
American Gods -- il faut dire qu'à l'époque, je n'ai pas non plus eu le temps. Fait rare, je n'ai pas attendu de relire le livre (ce que je fais tout le temps) pour me plonger dans la série.
Et la série, j'aime. Mais vraiment beaucoup. Je n'en suis qu'au troisième épisode donc il se peut que je sois déçue en cours de route mais je prends beaucoup de plaisir à suivre les aventures des personnages.
C'est visuellement très beau, et ça tombe moins dans l'imagerie "Pub pour parfum" qu'un, par exemple,
Hannibal. Sauf dans la séquence avec le Djinn dans le troisième épisode, mais c'est trop peu pour que je râle tout à fait. Même les quelques ralentis, que je déteste, ne sont pas de taille à saper mon plaisir. Il y a plein d'effets de style qui peuvent plaire ou non, je pense quant à moi que ces choix stylistiques font le lien avec l'écriture souvent lyrique de Gaiman.
Le casting est impeccable, même Ricky Whittle dans le rôle de Shadow, acteur auquel on pourrait reprocher son manque de présence mais ça me va, précisément parce que le personnage est dans le livre transparent. Ian McShane est phénoménal en Mr Wednesday (le Voyageur en français), à la fois frondeur, insupportable et charismatique. Plaisir également de retrouver Cloris Leachman qui assure à 91 ans. Stormare cabotine, mais il le fait bien (comme d'habitude).
Si on ne connait pas le roman ou, du moins, si on n'est pas familier avec ce que le livre raconte, le premier épisode sera perçu comme gentiment foutraque. Mais par la suite, les enjeux sont plus clairement dessinés.
J'ai adoré qu'ils gardent les petites séquences / disgressions qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'histoire principale, présentant des immigrés dans le Nouveau Monde ; ainsi, la séquence d'ouverture du troisième épisode, où
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une dame meurt dans sa cuisine et voit Anubis se présenter à sa porte.
C'est une séquence magnifique, nostalgique et paisible à la fois, qui en dit long sur
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nos croyances intimes et la façon dont les Anciens Dieux -- ceux de l'enfance et du passé -- ont accompagné les immigrants qui ont quitté leur pays pour les Etats-Unis. Le roman de Gaiman parle aussi bien d'immigration que des Anciens et Nouveaux Dieux.
Certaines séquences pourraient être de trop, je pense à la séquence entre
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Salim et le Djinn, qui est belle et touchante mais qui est plombée par la scène de sexe qui suit. Ce qui ne me dérange pas, mais j'ai trouvé ça un peu long.
D'autres sont puissantes (la première apparition d'Anansi dans le second épisode) ou drôles (les Vikings perdus, dans le premier).
C'est très chouette, également, que certains personnages soient plus "touffus" dans la série que dans le roman (Mad Sweeney et Laura).
La série baigne dans un climat de mélancolie et d'onirisme qui me plait à l'infini.
Elle se construit avec ses personnages et sa mythologie, et son discours sur la foi (qui n'est pas la religion) est très joli.
En somme, je suis tombée sous le charme de la série et vivement le prochain épisode (et les prochaines apparitions de Crispin Glover alias Mr World, qui est l'un de mes acteurs préférés, et de la délicieuse Kristin Chenoweth.)
(Et j'ajoute que la seconde saison a été signée !)